Actualités  ·  25 juillet 2017, 16:21

À table avec Forager Collective

©Clément Charbonnier

Lors de l’inauguration des œuvres 2017 le public et les artistes ont pu partager et déguster un plat indien, performance culinaire offerte par Forager Collective, représenté en ce jour par l’artiste venu de Bangalore, Sunoj D.

Forager Collective - ©VdF

©Clément Charbonnier

©Clément Charbonnier

©Clément Charbonnier

©Clément Charbonnier

©Clément Charbonnier

Voici comment ils nous relatent cette recette :

“Life is weather.
Life is meals.”

La vie est un festin

Pour préparer ce copieux plat de Curd Rice (riz au yaourt), très sain, appelé désormais plus simplement CR, ouvrez d’abord une bouteille, de vin, de bière, d’eau, peu importe. Versez dans un joli verre. Quel que soit le temps qu’il fait dehors, si vous en avez en cuisine, le CR est un baume contre les peines de cœur, la gueule de bois, le mal du pays. Tout un repas en un plat. Un must. Une hagiographie. Métamorphose. Plat, dessert, boisson, tout dépend où vous vous trouvez dans mon vaste pays.

Avec votre joli verre en main et dans le calme, que vous soyez seul, solitaire ou les deux, ou ni l’un ni l’autre, cuisez le riz blanc jusqu’à ce qu’il soit ramolli. Mais pas trop mou. On utilise en général 2 mesures d’eau pour une de riz. A ajuster, pour que le riz soit ramolli. Mais pas trop. Laissez de côté. N’oubliez pas de vous hydrater, buvez. Dans une grande casserole, faites fondre le beurre. (Le beurre était abordable seulement pour certains, dans certaines familles, dans certains quartiers de la ville, du village. Certaines choses ne changent jamais, comme les circonstances, même dans un régime capitaliste.)

Dans le beurre fondu, versez les graines de moutarde et éloignez-vous, elles éclatent et font des projections, violentes. Leur rage va se dissiper dans un moment. Contrairement aux gens, qui, quand les circonstances ne changent pas, se sentant de plus en plus désarmés, sont de plus en plus en colère. (Oh, gardez du beurre pour plus tard. On en reparlera.)

Quand la fureur s’est calmée, ajoutez des graines de cumin, puis des haricots Vigna mango (lentilles noires) ou des lentilles blanches (des lentilles noires sans peau et fendues en deux), de vraies lentilles anciennes, indiennes, paraît-il. Leur poussière blanche se déposera sur vos doigts. Elle disparaîtra d’un geste de la main. Certaines vieilles cicatrices ne sont pas si faciles à guérir, peu importe ce que l’histoire décide d’en faire. Observez bien, les lentilles commencent à brunir. Très, très vite, ajoutez les feuilles de curry, fraîches ou en poudre, ça n’a pas d’importance, les deux sont parfumées et ne perdront pas leur goût. Elles vont se rouler en boule. Laissez-les faire.

En amont, vous aurez coupé des échalotes en deux, puis les aurez émincées minutieusement. Vous aurez aussi lavé, épluché les carottes et les concombres, les aurez râpés ou découpés, comme vous voulez. Mais nous n’en avons pas encore besoin. Quand les échalotes deviennent translucides comme un voile de mousseline, ajoutez le riz cuit.

Il va falloir être très agile de vos mains, maintenant. Oubliez la boisson dans votre joli verre. Quand le riz est ajouté, mélanger rapidement avec une louche ou une cuillère. En bois, en métal, en acier, en or, en argent, ça marche aussi. Ajoutez les carottes et les concombres. Ajoutez des piments frais délicatement émincés. Mélangez. Maintenant, versez le yaourt, pas trop liquide, pas trop épais. Il doit s’écouler aussi librement que de l’eau boueuse. Mélangez, mélangez, mélangez. Versez du lait demi-écrémé, ça rehausse le goût, croyez-moi. Ajoutez du sel, que vous aimiez votre nourriture salée ou non. Coupez le feu. Ajoutez les graines de grenade.

Et le beurre que vous avez gardé ? Dans une plus petite casserole, faites le fondre et revenir avec des noix de cajou et des raisins, jusqu’à ce que les raisins se sentent et aient l’air gras. Ajoutez le CR dans un beau bol pour servir. Arrangez-le joliment. Versez les raisins et les noix au-dessus. Saupoudrez de quelques feuilles de coriandre fraîchement ciselées.

Vous y êtes.

Mangez. Vous avez de la nourriture à manger.

Sunoj D est né en 1979 à Pallipuram (Inde), il vit et travaille à Bangalore (Inde).

Forager Collective pour Vent des Forêts – 15 juillet 2017 – Texte traduit par Marie-Céline Henry