Tout droit venu de Taller dans le sud-ouest de la France, l’artiste landais Christophe Doucet s’est installé pendant 4 jours à Vent des Forêts pour commencer à créer la pièce, en réalité les pièces, qu’il destine aux sentiers.
Du 8 au 11 avril, hébergé à Pierrefitte sur-Aire, celui-ci se voit mettre à disposition comme atelier une belle grange à Nicey-sur-Aire le village voisin.
Dans ses bagages, ses caisses d’outils pour travailler le bois car Christophe a prévu de sculpter un grand ensemble de masques aux airs animaliers. Un motif qu’il affectionne depuis quelques années et qui le fascine de plus en plus. Après les avoir admirés dans les musées, collectionné certains, reproduit d’autres, son travail de sculpteur le conduit maintenant a créer sa propre galerie en s’entourant de figures qu’on devine déjà à la fois stylisées et très expressives.
Au milieu des bottes de paille, il s’attaque donc à de gros morceaux de frêne, d’abord à la tronçonneuse puis à la hachette pour en esquisser les contours. Quatre matrices, figurant à grands traits un renard ou un oiseau sont ensuite partagées avec le tourneur sur bois Philippe Huet. En effet, celui-ci dispose d’un tour à reproduire qui permettra de réaliser, dans la logique de création d’une œuvre multiple, plusieurs exemplaires de chaque ébauche. Une vingtaine d’entre elles pourront donc sortir de son atelier de Souilly assez rapidement afin de permettre à Christophe de se consacrer à la sculpture plus fine des blocs dégrossis. Décider de l’animal qui surgira sous l’herminette tient à peu de choses, l’angle d’un nez, l’espace entre deux yeux, la taille des oreilles… Cette étape est relativement longue, car, même si l’essence de bois est tendre, Christophe imagine ses masques utilisés par le public, il doivent donc être bien creusés, portables, légers. Abrités aussi, ce qui suppose peut-être des matériaux à collecter et décide d’une visite rapide chez le récupérateur de matériaux Del à Chauvoncourt.
Avant de repartir, Christophe confie les prochaines étapes qui jalonneront la création de l’œuvre : penser au traitement éventuel du bois qui doit résister dans le temps, et surtout à la couleur. Une « simple » peinture n’est pas envisagée, caséine, bain pigmenté, toutes les options sont encore ouvertes. S’inspirera-il des couleurs douces des masque inuits de l’île Kodiak ou plutôt des rouges vibrants des masques traditionnels japonais ? Il faudra aussi penser l’écrin qui les accueillera : un arbre creux, suffisamment généreux ? Un abri de bric et de broc ? Les deux pourquoi pas. Laissons à Christophe le temps nécessaire pour imaginer son arche de Noé et retrouvons le dans les semaines qui viennent, au détour d’un sentier.