RegardAlors que l’arbre n’est pas encore mort, sa décomposition est déjà bien avancée.
Flore
48° 54′ 51.7″ N 5° 23′ 40.1″ E
Sur le tronc, on distingue de nombreux petits trous ronds ou ovales qui ont été réalisés par des insectes. Ceux-ci sont souvent aux avant-postes de la colonisation du bois de l’arbre par des êtres vivants. Les premiers arrivés vont surtout consommer les couches superficielles du bois, par où transitait la sève, et qui contiennent encore des aliments très digestes, tels que des sucres ou de l’amidon. Leur séjour sera donc de courte durée, cette ressource étant vite épuisée. La famille des scolytes, comprenant plusieurs dizaines d’espèces européennes, est représentative de cette catégorie d’insectes pionniers. Les galeries d’insectes constituent autant de voies de pénétration pour les champignons et les bactéries, ces organismes n’étant pas capables de franchir l’écorce saine. Ils vont parachever l’œuvre des insectes, puis commencer à digérer les composants du tronc qui lui confèrent ses propriétés mécaniques : lignine et cellulose. La lignine rigidifie et imperméabilise les cellules qui en sont pourvues. Les champignons visibles sur le tronc, appelés polypores, ont la faculté de pouvoir s’en nourrir. Le bois ainsi délignifié, conserve encore sa cellulose, substance formant les fibres végétales, mais il devient très poreux et perméable comme une éponge. À ce stade de décomposition, l’écorce commence à se détacher par plaques. Les fissures et les cavités du tronc, son bois encore solide ou ses parties pourries, et même les champignons qui l’ont envahi, ne tardent pas à être colonisés par de nombreux insectes, des araignées, des mille-pattes… Ceux-ci profitent en été du microclimat plus tempéré et plus humide engendré par la vaporisation de l’eau contenue dans le tronc (Voir poste 13). Cette faune attire des pics qui délogent leurs proies en creusant des cavités avec leur bec. Ces trous ont des contours irréguliers, à l’inverse des deux entrées de loges de nidification, visibles dans la partie supérieure du tronc, qui sont circulaires.
Les champignons en forme de sabots de cheval sont appelés « polypores ». Ils peuvent vivre plusieurs années. Ce sont les organes reproducteurs des minces filaments, appelés « mycéliums », qui ont déjà envahis presque tout l’intérieur du tronc. Sur l’écorce, on peut voir de jeunes sujets sortant de fissures et d’autres plus âgés, constitués de plusieurs bourrelets concentriques superposés. Leur face supérieure est brillante et dure. Leur dessous est occupé par l’extrémité de tubes par où les spores sont éjectées lorsque le temps est chaud et sec. Cette émission de spores prend parfois la forme d’une surprenante fumée blanche qui semble émaner de la chandelle. Les polypores d’Europe regroupent plusieurs dizaines d’espèces. Ceux qui poussent sur ce tronc sont appelés « amadouviers ». L’intérieur du champignon contient une substance, appelée « amadou », qui était jadis récupérée, taillée en lanières puis longuement battue au maillet avant usage. Depuis la préhistoire l’amadou sert d’allume-feu et de pansement hémostatique. On en fait également des chapeaux ainsi que des mèches de briquets.