RegardCette chandelle de hêtre subit les attaques conjointes et intenses de champignons, d’insectes et d’oiseaux. Elles ne tarderont pas à la faire s’écrouler à terre où elle finira de se décomposer. L’arbre d’origine a entièrement perdu son feuillage pendant la tempête de décembre 1999. De plus, l’inclinaison actuelle du tronc permet d’imaginer que son système racinaire a été fortement éprouvé par le fort balancement de la partie aérienne de l’arbre, occasionnant la rupture d’une grande partie des fines racines chargées de pomper l’eau du sol. Le hêtre est donc mort de soif à la première période de sécheresse ayant suivi le coup de vent, avant d’avoir pu reconstituer son feuillage à partir des bourgeons vivant sous l’écorce de son tronc.
Flore
48° 55′ 06.8″ N 5° 26′ 39.8″ E
Mais la fin de son règne a marqué le début d’une nouvelle vie. Il est devenu un véritable hôtel et un garde-manger pour une multitude d’êtres vivants qui signent leur présence en se montrant ou en laissant des traces caractéristiques sur le tronc. Certaines d’entre-elles seront mieux visibles en grimpant sur la butte de la tranchée qui se trouve en face de la chandelle, de l’autre côté du chemin. Les premiers insectes qui se sont glissés sous l’écorce ont apporté et déposé, en même temps que leurs œufs, des spores d’une espèce de champignons appelée « polypore ». Elles ont produit de minces filaments, le « mycélium », qui constitue la partie végétative du champignon. Celui-ci a colonisé le bois sain, lui donnant une texture spongieuse. D’autres espèces d’insectes ont alors pu s’installer, qui se nourrissent de bois décomposé ou de mycélium, voire d’autres insectes. Toute cette microfaune a incité des oiseaux insectivores à venir se nourrir. Sitelles et mésanges ont délogé leurs proies sous la mousse et l’écorce, tandis que les pics trouaient le bois pour extraire les larves et les fourmis de leurs galeries. Les pics ont également creusé des loges de nidification. Ces cavités et les nombreuses fentes du bois constituent aujourd’hui autant d’abris pour les chauves-souris forestières, les loirs ou les écureuils. En été, des guêpes y construisent leurs nids de papier. D’autres trous se sont remplis de bois décomposé dans lequel deslarves de coléoptères, appelés cétoines, vont subir leur dernière métamorphose avant de s’envoler.