RegardDès qu’une clairière s’ouvre à cause d’un incendie, d’un coup de vent ou de l’action de l’homme, elle est rapidement peuplée de plantes herbacées issues de graines amenées par le vent, les oiseaux ou les mammifères. Ces animaux les ont transportées collées à leurs pattes, prises dans leur pelage ou dans leur plumage ou encore, logées dans leur ventre puis rejetées au sol avec leurs déjections. Les promeneurs participent aux semailles par l’intermédiaire de leurs cheveux, vêtements, semelles ou pneus de vélos et de voitures.
Parmi toutes les espèces ainsi semées dans les clairières, les conditions écologiques du lieu détermineront celles qui se feront une place durable. Ici, c’est l’eupatoire à feuille de chanvre, encore appelée « eupatoire chanvrine », qui pousse vigoureusement, sauf en bordure du chemin car elle ne supporte pas le piétinement. Dans cette zone, c’est le plantain qui s’est établi. La plante est reconnaissable à ses feuilles disposées en rosette autour des tiges nues portant les épis de fleurs puis de graines.
L’eupatoire chanvrine est avide d’eau, de nourriture et de soleil. Sa présence dénote donc un sol capable de l’abreuver même au cœur de l’été.
Faune, Flore, Nature
Forêt communale de Lahaymeix
Le Juré
48° 55′ 39.2″ N 5° 23′ 23.7″ E
juin – octobre
Les feuilles de l’eupatoire ressemblent à celles du chanvre mais la comparaison s’arrête là, les deux plantes n’ayant pas de proche parenté. Les feuilles d’eupatoire contiennent une huile volatile qui coupe la fièvre et soulage le foie mais qui se révèle purgative à haute dose. En Amérique du nord, l’eupatoire est appelée « celle qui ressoude les os », en référence aux fortes fièvres associées à la grippe, à la typhoïde ou à la dengue, qui donnent la douloureuse sensation d’avoir tous les os brisés. L’eupatoire fut massivement utilisée avec un certain succès au cours des grandes épidémies de grippe qui sévirent aux États-Unis durant la Première guerre mondiale, équivalent de notre « grippe espagnole », et qui firent là-bas six cent mille morts.
Récupérer la terre collée à vos semelles en cette fin de promenade et la glisser dans un sachet. Une fois chez vous, déposez-la sur un pot aux trois quarts rempli d’un support de croissance humidifié tel que marc de café, tourbe ou coton hydrophile. Couvrir d’un film transparent et exposer à la lumière. Au bout de deux à trois semaines, compter le nombre d’espèces de « bébés-plantes » qui ont pris racine. Vous constaterez ainsi que les graines n’ont pas besoin de jambes pour voyager : elles ont les nôtres !
juillet – septembre
L’eupatoire attire plusieurs espèces de papillons durant tout l’été, qui viennent butiner ses fleurs : citron, paon du jour, petite tortue… Parmi ceux-ci vous pourrez peut-être apercevoir l’étrange Écaille chinée, encore appelée « Callimorphe », régulièrement notée dans le secteur. C’est un papillon de taille moyenne fréquentant les forêts claires et les broussailles. Il vole de jour comme de nuit. L’eupatoire est une de ses fleurs à nectar préférées. Quand il est posé dessus, on reconnait facilement l’animal à sa silhouette vivement colorée. C’est un triangle orange à pois noirs encadré par deux triangles noirs zébrés de blanc.