Il faut du temps pour cicatriser

RegardA cent cinquante pas l’un de l’autre, deux arbres portent des stigmates très différents de la tempête de décembre 1999.

À propos

    • Type de point

      Flore

    • Coordonnées GPS

      48° 55′ 51.7″ N 5° 25′ 36.1″ E

Regarder

Le premier est un charme. À cause des bourrasques, il a perdu son « houppier », ensemble des branches situées au sommet du tronc. Son« fût », partie du tronc comprise entre le sol et le houppier, s‘est fendue sur plusieurs mètres de hauteur quand l’arbre s’est cassé. La disparition du houppier a provoqué le « réveil » de bourgeons qui « dormaient » sous l’écorce du tronc et qui se sont transformés en nouveaux rameaux. Ceux-ci ont pu se développer en branches en profitant de l’accroissement de l’ensoleillement des lieux, apporté par la chute d’arbres du voisinage. Le charme a pu ainsi reconstituer une maigre frondaison. Mais sa survie est menacée par l’action de champignons qui pourraient rapidement infecter sa blessure avant de s’attaquer à la partie saine de son tronc. En attente, la partie fendue de l’arbre offre un bon abri estival aux chauves-souris forestières pour leur repos diurne.

Le second arbre, un hêtre, est resté debout en conservant l’intégrité de son houppier. Mais tout autour de lui, de grands arbres ont été couchés. Son tronc qui était autrefois plongé dans une semi-obscurité s’est donc retrouvé brusquement exposé à la lumière. Des rameaux appelés « gourmands » ont alors poussé sur le fût, qui en était autrefois dépourvu, tandis que des « hanches » volumineuses ont élargi sa base en réaction à son exposition désormais fréquente au vent. Les hanches limitent l’amplitude des balancements du tronc qui peuvent causer la rupture des fines racines assurant l’alimentation de l’arbre en eau et sels minéraux.

La forme actuelle de ce rescapé de la tempête permet de comprendre pourquoi les forestiers tentent d’obtenir un couvert assez dense et homogène dans une forêt dédiée à la production de bois d’œuvre. D’une part, les troncs étant tenus dans une semi pénombre, les gourmands ne peuvent apparaître sur les fûts. D’autre part, les arbres sont peu exposés au vent, sinon ceux qui poussent en lisière, et ne développent donc pas de hanches volumineuses. Au final, le fût de l’arbre est long, cylindrique, rectiligne et dépourvu de nœuds. Une fois récolté, il pourra être presque entièrement débité en poutres ou en planches utilisables en menuiserie et en charpenterie industrielles.