RegardSous les arbres à feuilles caduques, la quantité de lumière qui arrive au sol, de l’ordre de quatre-vingt pour cent en hiver, tombe à moins de cinq pour cent en été ! Des plantes herbacées réussissent néanmoins à s’adapter à ce milieu caractérisé par la faible luminosité qui y règne la moitié de l’année.
Certaines, telle l’anémone sylvie, réalisent tout leur cycle végétatif entre la fin de la période des grands froids et celle où le feuillage des arbres commence à obscurcir le sous-bois. Durant ce court laps de temps, elles émettent des tiges feuillues, puis se reproduisent et emmagasinent des réserves alimentaires dans leurs racines.
D’autres ont un cycle végétatif plus long mais elles se suffisent d’une lumière tamisée, à l’image de l’épiaire de bois.
Une troisième catégorie, représentée par l’eupatoire chanvrine, regroupe des plantes amies de la lumière. Elles sont capables de disséminer de grandes quantités de graines qui vont se déposer partout sur le sol de la forêt et qui vont rester « endormies » par manque d’ensoleillement. Elles attendront ainsi la mort sur pied ou le déracinement d’un grand arbre créant un « puits de lumière » au-dessus d’elles. Si cet événement survient, elles germeront rapidement. À ces clairières naturelles qui sont le milieu de vie d’origine de ces plantes, s’ajoutent aujourd’hui les parcelles coupées à blanc, les bords des routes et des chemins forestiers, ainsi que les passages de lignes électriques.
Flore
48° 55′ 48.3″ N 5° 26′ 20.7″ E
mars – avril
L’anémone sylvie forme ici un tapis dense de fleurs blanches. En même temps qu’elle, fleurit la ficaire, d’un jaune éclatant porté par huit à douze pétales allongés. Les fleurs des deux espèces se ferment par temps humide afin de garder leur pollen au sec. Il pourra ainsi adhérer aux poils des insectes butineurs.
Les fleurs bleues de l’anémone hépatique sont dispersées sous les arbres, à peines dressée au-dessus de leurs feuilles duveteuses et dont la forme évoquerait un foie.
Au bord des chemins, fleurissent les violettes des bois. Elles ne sont pas parfumées à l’inverse des espèces cultivées. Dans la deuxième quinzaine d’avril, elles sont rejointes par la cardamine puis par le coucou et par les modestes fleurs des fraisiers des bois.
avril – avril
Manger une tige fleurie de cardamine puis une pincée de fleurs de coucou. La première bouchée sera agréablement salée et piquante, tandis que la seconde clôturera la dégustation par une note sucrée. Les jeunes feuilles fraiches de fraisier font une tisane au goût plaisant. Elles peuvent également entrer dans les salades composées et les soupes, en compagnie des jeunes feuilles et des fleurs de violettes.
avril – mai
Prélevez quelques brins de primevères, encore appelées « coucous des bois », sur différents pieds. Observez les fleurs afin de classer les brins en deux catégories. Dans la première, placez ceux dont on voit nettement les étamines, organes mâles portant du pollen. Dans la seconde, placez celles dont c’est l’extrémité de l’organe femelle, appelé « pistil », qui apparait. Ouvrez maintenant une fleur de chaque catégorie. Là où les étamines sont apparentes, l’extrémité du pistil est enfouie au fond de la fleur et là où l’extrémité du pistil est bien visible, ce sont les étamines qui se cachent. Cette organisation favorise la fécondation du pistil avec du pollen provenant d’une autre fleur de la même espèce qui sera apporté par les insectes butineurs. Cette fécondation dite « croisée » conserve à l’espèce le pouvoir de s’adapter aux changements de conditions de vie, ce que ne permet pas l’autofécondation.
avril – mai
Cueillir un petit bouquet de coucous des bois puis confectionner une tisane avec trois ou quatre tiges fleuries par tasse d’eau bouillante. Le breuvage est à boire tout autant pour le plaisir des papilles que celui des yeux, ayant une couleur jaune fluo.
juin – octobre
Repérer et observer un plan d’épiaire des bois. On la rencontrera fréquemment dans tous les secteurs forestiers traversés par le circuit. Les feuilles ont une forme de cœur allongé et la tige est à section carrée. Toute la plante est poilue mais ne pique pas. Les fleurs apparaissent de juin à octobre, le long de la partie supérieure de la tige. Regroupées par quatre à six, elles sont de petite taille et de couleur rose violet. Chacune est formée d’un tube précédé de deux lèvres. La lèvre inférieure sert de poste d’atterrissage aux insectes. Des stries blanches les orientent vers l’ouverture du tube.
juin – octobre
Cueillir puis humer une feuille d’épiaire des bois. Son odeur parait fétide au premier abord, ce qui a valu à la plante le nom populaire d’ « ortie puante », bien qu’elle ne pique pas. Cette odeur suffit déjà à reconnaitre l’espèce ! Mais en froissant la feuille, son odeur change et finit par évoquer le fumet des cèpes ! Certains apprécient de manger des feuilles d’épiaire crues. Vous pouvez en ajouter une poignée à une salade composée.
juin – octobre
Cueillir des tiges d’épiaire, fleuries ou non, et les accommoder en soupe. Cinq tiges feuillues pour un demi-litre d’eau ou de bouillon, seront associées avec une pomme de terre coupée en cubes et du sel. Compter une demi-heure de cuisson avant de mixer ou de mouliner ce potage au goût de champignons sauvages.
juin – octobre
L’eupatoire chanvrine pousse vigoureusement au bord du chemin, là où elle peut satisfaire son avidité d’eau, de nourriture et de soleil. Sa présence dénote donc un sol capable de l’abreuver même au cœur de l’été, période habituelle de déficit en eau dans la région. Ses feuilles ressemblent à celles du chanvre. Mais la comparaison s’arrête là, les deux plantes n’ayant pas de parenté.
juin – septembre
Les minuscules fleurs roses de l’eupatoire sont assemblées par centaines. Elles attirent plusieurs espèces de papillons durant tout l’été : citron, petite tortue, écaille chinée et paon-du-jour. Ce dernier est un habitué des forêts claires et des broussailles. Quand il est posé, on le reconnait facilement à ses quatre « ocelles » de couleurs vives entourées de rouge sombre.