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« Il n’y a pas assez de gens qui sont connaisseurs… »
Georges Heitzman le sait bien. Très peu de personnes font la démarche de se rapprocher des gens du voyage comme lui, de s’intéresser à leur mode de vie et encore moins à leur travail, dans son cas, la vannerie. Peu de chance donc que le grand public fasse la différence entre un panier de supermarché importé et ceux issus d’un travail artisanal de grande qualité, hérité d’un vrai savoir-faire familial. Dommage. Sur l’aire d’accueil de Givrauval, près de Ligny-en-Barrois, il vit avec sa femme Christine et leurs trois enfants en caravane à l’année, rayonnant sur les départements du grand-est depuis presque toujours. Sous le frêle auvent déployé qui abrite un poêle à bois, une table de camping et quelques chaises, des conditions de vie très simples, mais une belle passion pour un métier : la fabrication de paniers de toutes sortes : à bois, à bouteilles, à linge, pour faire les courses, comme ceux sortis à l’instant de la camionnette qui attendent encore leur anse. Chacun sa forme, sa spécificité, sa variété d’osier achetée à Fayl Billot, la capitale haut-marnaise de la vannerie et de l’osiériculture. Ses parents travaillèrent en leur temps dans la coopérative de la ville jusqu’en 1987.
L’osier doit sécher quinze à dix-huit mois pour être ensuite ré-humidifié au moment de la mise en œuvre, pour s’assouplir sans casser. Il faut donc de l’eau, de l’herbe et beaucoup d’ombre pour tresser, ce qui rend les prouesses du vannier encore plus remarquables quand il réalise une cage à colombe, un landau ou un canapé pour enfant sur mesure, dans ses conditions précaires. « Pour commencer, il faut trouver l’équilibre du fond, c’est à deux/trois millimètres près » explique-t-il. Aucun clou, ni agrafe ou vis dans un panier français, solidement conçu pour 25 ans d’utilisation et que l’on peut acheter à ceux qui, comme lui, vendent par le biais du bouche à oreille et en porte-à-porte. Il déplore l’accueil pas toujours tendre : « Beaucoup de gens ne savent pas comment on vit. » Né en 1963, à Tonnerre, en Bourgogne, il sera rarement sédentaire, contrairement à ceux qui, ayant fait des écoles de vanneries, ne savent réaliser que quelques modèles référencés style malle, table ou fauteuil, mais ne peuvent pas en imaginer de nouveaux.
« Quand c’est un modèle que vous n’avez jamais fait, il n’est jamais réussi du premier coup. Il faut en jeter à la poubelle. » Tout sourire, il évoque l’invraisemblable projet en cours avec matali crasset. Par l’entremise de Jean-Louis Tridon qu’il connaissait et de Pascal Yonet, directeur de Vent des Forêts, il s’est attelé à la fabrication d’une cloche à pain et d’un séchoir à herbes, dessinés par la designer. Des pièces extrêmement complexes dont il a dû entièrement penser la fabrication, choisir les variétés d’osier grisette et purpuréa pour cette commande hors norme. Les mains en coupe, il mime : « J’ai évasé, là, puis bombé. Il m’a fallu du temps pour le mettre au point. » Des heures non quantifiables de recherche et d’essais pour que les parties tressées s’emboitent ou coulissent parfaitement. Il souligne délicatement du doigt le « tople », comme on dit dans le métier, le renfort nécessaire à certains endroits mais élégant. Les finitions des prototypes, déjà parfaites, le rendent fier, à juste titre : « Dans aucun commerce, il n’y a de panier comme çà. Aucun vannier n’a jamais fait çà. » Le chien aboie, confirme. Le tour de main se transmet à ses fils, en douceur. La tradition familiale nomade se perpétue, vaillamment. Georges conclut, en poète :
« Cette vie, c’est comme les peintres, ça permet de bivouaquer. »
Objets We trust in wood par matali crasset réalisés par un vannier (Ligny-en-Barrois, 55) :
Cloche à pain en osier.
Ø 30 cm x H 27 cm
Cloche à herbe en osier.
Ø 22 cm x H 61 cm
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