Sous le soleil exactement

RegardL’épilobe en épi est une plante forestière amie de la lumière. Elle est capable de disséminer de grandes quantités de graines, plusieurs dizaines de milliers par plant, qui vont se déposer partout sur le sol de la forêt où elles resteront viables pendant des années. Par manque d’ensoleillement, l’immense majorité de celles-ci ne germeront jamais ou ne dépasseront pas le stade de la plantule. Mais si un « puits de lumière » vient à se créer suite à un incendie, une inondation ou une tempête, alors les plantes issues de graines qui auront été déposées là grandiront rapidement. Elles finiront ensuite de coloniser l’emplacement en se propageant par leurs racines. À ces clairières naturelles qui sont le milieu de vie originel de l’épilobe, s’ajoutent aujourd’hui les parcelles coupées à blanc, les bords de routes, de pistes et de chemins forestiers ou les passages de lignes électriques. On peut également la trouver au bord des étangs et des cours d’eau. C’est ainsi qu’elle abonde au « Jardin japonais » de Nicey-sur-Aire.

À propos

    • Type de point

      Flore, Nature

    • Coordonnées GPS

      48° 56′ 01.7″ N 5° 26′ 26.7″ E

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mai –  novembre

Même sans fleur ou à l’état de plantule, l’épilobe se reconnait facilement aux nervures qui se rejoignent deux par deux sur la bordure de la feuille en formant une boucle.

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mai –  octobre

La plante est surnommée « thé de Russie »car on peut confectionner une tisane avec ses feuilles fraîches ou sèches. Le breuvage fera l’objet de commentaires plus ou moins élogieux selon les goûts de chacun.

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mai –  septembre

Les jeunes pousses d’épilobe et les feuilles des épis se mangent crues sitôt cueillies ou ajoutées à une salade composée. En plus de leur saveur agréablement acidulée, elles seraient des plus efficaces contre les brûlures d’estomac.

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juillet –  septembre

Les fleurs de l’épilobe, d’une couleur rose bleutée appelée « magenta », s’épanouissent le long de l’extrémité d’une tige pouvant mesurer jusqu’à un mètre quatre-vingt. Elles sont ainsi très faciles à repérer visuellement par les insectes butineurs et se passent donc de parfum.

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juillet –  septembre

Caresser l’intérieur de quelques fleurs avec l’extrémité du majeur afin que du pollen s’y colle : il est bleu turquoise.

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juillet –  août

Chaque fleur change de sexe au cours de son existence, devenant successivement mâle, hermaphrodite et femelle. Le cycle d’une fleur dure environ deux à trois jours.  La floraison est progressive, entre juillet et août, partant des fleurs les plus basses et remontant vers le sommet de l’épi. Sur un seul épi, vous pourrez donc fréquemment suivre la succession de toutes les étapes de la reproduction de l’épilobe, de l’éclosion de la fleur à la dispersion des graines. Commencez l’observation par le sommet de l’épi où se trouvent les fleurs les plus jeunes.

  • Le premier stade de la floraison est exclusivement mâle avec quatre étamines arrivées à maturité tandis que l’extrémité de l’organe reproducteur femelle chargé de recueillir le pollen, appelé « stigmate », est positionnée derrière la fleur. Puis ces premières étamines se rétractent et fanent pendant que quatre nouvelles étamines s’allongent.
  • Le deuxième stade est hermaphrodite. Tandis que la seconde génération d’étamines est fonctionnelle, le stigmate apparait au centre de la fleur, bien plus en avant que les étamines, sous la forme de quatre petites crosses.
  • Le troisième stade est exclusivement femelle : les étamines sont fanées et se sont rétractées tandis que le stigmate est largement épanoui.
  • La floraison étant achevée, toutes les parties de la fleur se détachent, mis à part le réceptacle contenant les cellules fécondées. Celui-ci s’allonge en forme de haricot cylindrique et finit par s’ouvrir en quatre parties. Il libère alors les minuscules graines portant de longs poils très doux qui offriront une prise au vent et permettront leur dispersion.

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juillet –  août

Les bourdons et les abeilles fréquentent assidument les épilobes en fleurs, riches en nectar. Ils  opèrent toujours selon le même protocole en commençant par visiter les fleurs épanouies les plus basses sur l’épi floral. Ils vont donc déposer le pollen dont ils sont saupoudrés sur les « vieilles » fleurs qui, étant au stade femelle, vont ainsi être fécondées. Les butineurs progressent ensuite vers le sommet de l’épi en finissant donc par visiter les « jeunes » fleurs. Celles-ci étant au stade mâle, les insectes vont se  saupoudrer le corps de pollen. Puis ils quittent la tige florale et renouvèlent l’opération auprès d’un autre plant d’épilobe.

La floraison de l’épilobe et le comportement des insectes butineurs favorisent donc la « fécondation croisée » de la plante, pendant laquelle les cellules reproductrices femelles sont fécondées par du pollen provenant d’un autre individu, alors que chaque fleur contient les organes des deux sexes. Ce processus permet à l’espèce de conserver un potentiel adaptatif bien plus important que si elle se perpétuait par autofécondation. C’est en observant l’épilobe et ses visiteurs ailés que le botaniste allemand Christian Konrad Sprengel (1750-1816) put démontrer le rôle des insectes dans la reproduction des fleurs.

Faire

août –  septembre

Collecter quelques grosses pincées du duvet qui apparaît lorsque s’ouvrent les capsules protégeant les graines. Étirer la boule tout en la roulant entre deux doigts pour la filer. Vous obtiendrez ainsi un petit morceau de fil très doux au toucher. On en faisait autrefois des mèches de bougies et de briquets. Des pullovers auraient été tricotés en ouate d’épilobe filée.